Que l’on souhaite démarrer une collection d’entomologie pour le simple plaisir des yeux ou pour des raisons scientifiques, il faut suivre certaines règles et utiliser certains outils afin que la chasse aux insectes ne se transforme pas en un massacre inutile. En effet, un insecte mal référencé ou mal conservé aura été inutilement tué.
Voyons donc étape par étape comment démarrer une collection d’entomologie dans les règles de l’art.
Lors de votre départ en chasse, il est important de vous munir d’un bloc-notes et d’un stylo afin de noter tout ce qui vous semble important sur l’environnement dans lequel vous effectuez votre chasse.
Il existe différentes méthodes pour la récolte des insectes dont :
Voici quelques exemples :
Il est important de vous munir d’un matériel adéquat pour la récolte des spécimens.
L’insecte doit être empoisonné, sans pour autant que le poison ne raidisse trop l’insecte. Le poison le plus communément utilisé par les entomologistes est l’acétate d’éthyle, celui-ci présente l’avantage d’être peu nocif pour les humains et ne pas trop raidir les insectes. Verser un peu de ce liquide dans un flacon de chasse transparent, garnie de râpures de liège et d’un bouchon. Les râpures de liège absorbent ainsi l’alcool et protègent l’insecte contre les bris.
Il est important de ne pas multiplier les insectes à l’intérieur d’un flacon de chasse, ceux-ci risquant de s’endommager les uns des autres.
Il faut compter environ 30 minutes pour tuer les insectes de petite et moyenne taille, et 1 heure pour les insectes de grande taille.
Une fois l’insecte assommé par le poison, stockez-le dans une papillote, réalisée dans du papier cristal et de forme triangulaire ou rectangulaire. Ces petites poches de papier permettent un rangement temporaire et sécurisé de votre récolte le temps de la chasse et du montage. Les quelques lignes tracées sur la papillote vous permettent une identification succincte du spécimen.
Il n’est pas rare que le montage intervienne quelques jours après la chasse de l’insecte. Pendant ce laps de temps, il est nécessaire de trouver un environnement adéquat pour conserver le spécimen. Il faut en effet éviter que le spécimen se déshydrate, devenant ainsi cassant, ne moisisse ou ne soit la proie de parasites.
La plupart des insectes supportent un séjour en congélateur pendant plusieurs mois. Placez au préalable les insectes dans des bocaux, de préférence en verre, tapissés d’une couche d’essuie-tout humidifiée. Les papillotes sont à privilégier pour conserver les papillons, que l’on place ensuite dans des contenants hermétiques.
Etaler un insecte consiste à le préparer pour sa mise en boîte d’entomologie, à fins d’exposition. C’est une étape très importante qui déterminera ensuite l’intérêt esthétique du montage en boîte d’entomologie.
Dans un premier temps, les spécimens conservés en papillotes doivent être ré-humidifiés afin d’être plus malléables lors de la manipulation. Les insectes sont placés dans un ramollissoir : contenant hermétique avec une petite grille en plastique sur laquelle on place la papillote. On y a ajoute de l’eau chaude et on laisse le tout reposer.
Au bout de 3 ou 4 jours, l’insecte est bien ramolli et prêt à être étalé. Dans le cas des gros insectes, il est nécessaire d’injecter de l’eau dans le corps du spécimen à l’aide d’une seringue.
Le spécimen doit ensuite être séché dans l’attitude qu’il convient au type d’insecte dont il s’agit, ce qui en garantira l’intérêt esthétique et scientifique. Pour sécher, le spécimen doit être placé sur un étaloir, en Plastazote ou en bois, où il reste une semaine environ, à l’abri de la poussière et des prédateurs.
Pour les lépidoptères, un étaloir à rainure central est nécessaire. Le choix de la dimension de la rainure centrale se fait en fonction de la taille du corps de l’insecte à étaler. On recouvre les ailes de bande de Pergamine pour bien maintenir à plat les ailes et les protéger.
Pour les autres insectes, une plaque de mousse plane suffit pour étaler l’insecte.
L’insecte est maintenu dans l’attitude désirée par des épingles à étaler (à retirer au moment du montage) et une épingle d’entomologie centrale dans le thorax (à conserver lors du montage).
© Michal Manas, Source : Wikipédia
L’épingle d’entomologie centrale sert ainsi à le fixer et à la manipuler : elle doit être placée dans le thorax du lépidoptère et au tiers de l’élytre pour les coléoptères. Elle doit bien être placée perpendiculairement au corps du spécimen. Dans le cas des papillons, le bas du corps doit être placé à 2,5 cm de la pointe de l’épingle.
Il est important d’utiliser des épingles spécifiques à l’entomologie qui, à la différence des aiguilles de couture, ne rouillent pas au contact de l’humidité contenue dans l’air ou dans le corps de l’insecte. Les tailles sont désignées par des numéros allant de 000 à 7, en fonction du diamètre. Pour les entomologistes débutants, les épingles 0 et 3 sont les plus adéquates.
Il faut laisser sécher deux semaines environ l’insecte avant de le fixer dans le fond en plastazote d’une boîte d’entomologie, vitrée ou non, ou d’un tiroir de cabinet d’entomologie. On retire pour cela les épingles à étaler et on conserve l’épingle centrale.
La boîte d’entomologie peut être vitrée ou non, à savoir que les couleurs des insectes (notamment les papillons) se conservent d’autant mieux que les spécimens ne sont pas exposés à la lumière. La boîte est réalisée en carton ou en bois, avec un fond en émalène (ou plastazote) permettant de piquer les épingles d’entomologie. Cette mousse est chimiquement neutre.
Pour prévenir de l’attaque des parasites, on pique généralement dans le fond de la boîte un petit flacon en verre, appelée fiole de Sauvinet, dans lequel a préalablement été mis un liquide de conservation, du type Spray Invert.
La boîte peut ensuite être fixée sur une cloison ou rangée dans un cabinet d’entomologie, à l’abri de la lumière.
L’étiquetage
L’intérêt scientifique de la collection d’insectes réside également dans les informations collectées sur les spécimens conservés. Pour cela, l’étiquetage est une étape importante et le matériel a utiliser n’est pas à prendre à la légère. En effet, pour éviter le risque de jaunissement du papier ou les interactions chimiques avec les insectes, il convient de recourir à du papier blanc sans acide et 100 % coton, relativement épais et d’écrire avec une encre permanente (stylo feutre Uni-Pin par exemple).
Plusieurs étiquettes sont parfois utilisées pour l’identification d’un insecte. On y reportera des indications telles que le nom du collectionneur, l’identification du spécimen, le lieu et la date de la récolte, l’habitat...
Pour la fixation des étiquettes d'identification dans le fond des boîtes d'entomologie, les épingles camion sont une bonne solution grâce à leur petite taille.
Conservation de la collection
Les principaux ennemis des collections d’entomologie sont l’humidité, qui cause des moisissures notamment, et les insectes parasites qui se nourrissent d’autres insectes morts.
Evitez ainsi d’entreposer vos collections dans des endroits particulièrement exposés à l’humidité et à la poussière tels que les caves, les greniers… Il peut être utile de recourir à un petit thermo-hygromètre pour s’assurer que le taux d’humidité relative ne passe pas sous la barre des 45 % et ne dépasse pas les 65 %, 50 % étant le taux idéal pour la conservation de sa collection. Le gel de silice peut vous servir à réguler ce taux dans des espaces hermétiques, tels que les boîtes d’entomologie.
Comme nous l’avons déjà dit, la lumière entraîne la décoloration sur le long terme de vos insectes. Evitez donc d’exposer vos boîtes d’entomologie en lumière directe, c’est-à-dire face à une fenêtre ou sous un éclairage puissant.
Source :
- Site AEAQ : Association des entomologistes amateurs du Québec.